« Dieu de Miséricorde et de Bonté, Vous allez réaliser pour la pauvre humanité toutes les Promesses des Patriarches et des Prophètes. Pour la racheter du péché, pour lui rouvrir la Porte du Ciel et fermer celle de l'enfer, Vous allez descendre dans une Crèche ! Par le Prodige le plus incompréhensible Vous allez Vous faire homme comme nous et pour nous ! Comme il faut que nos cœurs soient ouverts à cette pensée magnifique, et quel plus beau moment que celui de la Communion pour se répéter : Un Dieu va venir à nous ! Un Dieu va habiter avec nous ! Nous deviendrons enfin les héritiers du Père Céleste, dignes de la Vie éternelle ! Aussi, Seigneur Jésus, pendant que Vous êtes dans mon âme, je me nourris de cette pensée qui dépasse toute mon imagination, et je me répète dans l'extase de la joie et de l'humilité : Dieu a tant aimé le monde qu'Il lui a donné son Fils unique ! Dieu est si Miséricordieux qu'Il veut bien oublier nos péchés ! Dieu est si Puissant qu'Il veut nous tirer de la servitude du péché pour nous faire entrer dans la Gloire, pour réformer notre nature corrompue et l'élever à la Perfection évangélique. Mon Dieu ! Vous allez descendre pour sauver l'humanité ! Louange, Honneur et Gloire à votre Majesté, à votre Miséricorde, à votre Indulgence infinie ! Dieu de Justice et de Vérité, Vous avez réalisé vos Promesses : en ai-je fait autant ? Voici longtemps que je m'approche de Votre table sainte pour y participer à des intervalles répétés ; voici longtemps que j'ai pris à Vos pieds des résolutions : ai-je accompli ces résolutions ? Seigneur Jésus, éclairez-moi des lumières de votre Esprit Saint, afin que je me rende un compte exact de ce que je n'ai pas fait, et de ce qui me reste à faire. Vous m'avez dit par la bouche de Votre précurseur « Préparez la Voie du Seigneur, rendez droits Ses sentiers ». Ai-je agi de la sorte ? Ai-je préparé dans mon âme un sanctuaire digne de Vous ? Ai-je comblé la vallée de mes inclinations basses et corrompues ? Ai-je abaissé la montagne de mon orgueil, de mes préoccupations personnelles ? Ai-je aplani par la prière, par la mortification les aspérités de mon caractère et de mon humeur ? Mon Jésus, Vous nous dites, soyez parfaits, comme Votre Père céleste est Parfait. Il faut donc que je tende à la Perfection ; mais que j'en suis éloigné ! Depuis que j'ai désiré m'y vouer, c'est à peine si j'ai fait quelque progrès, et si je n'ai pas perdu par un côté ce que je croyais avoir gagné par l'autre. Pénétrez-moi donc sérieusement et une fois pour toutes de la nécessité de Vous devenir semblable, et pour cela de secouer mon égoïsme, de vaincre mes emportements, de pratiquer l'abnégation, et de vivre dans la mortification et la pénitence. Mon Dieu, Vous voulez des serviteurs purs, chastes, zélés, dignes de Vous enfin. Faites qu'après tant d'hésitations je le devienne enfin. Mon Jésus, quand serai-je digne de Vous ? Quand me vouerai-je de toutes mes forces à la perfection que votre Évangile nous conseille ? Jusqu'à ce jour, je n'ai formé que des résolutions sans vigueur : inspirez-m'en au contraire de généreuses. Trop souvent, j'ai craint d'être trop à Vous, d'en faire trop pour votre Gloire, pour ma Sanctification . Il me semble toujours que ma prière est trop longue, ma pénitence trop dure, que mes aumônes sont trop considérables ; j'ai peur de me donner avec trop d'abandon, et de devenir un vrai disciple de l'Évangile, un Saint véritable. Seigneur, éclairez mon esprit, afin qu'il rompe avec ces fausses pensées ! On ne saurait jamais trop Vous aimer, trop Vous servir. Il n'y a pas ici d'excès à craindre, quoi qu'en dise le monde, tant que l'on se conforme aux Lois de votre Église. On peut mal Vous aimer. On peut Vous servir avec des illusions et des idées fausses et humaines, mais, encore une fois, on ne Vous aime, on ne Vous sert jamais trop. Pénétrez-moi de cette forte pensée, afin de faire de moi un Chrétien généreux, un Chrétien qui attend avec foi et confiance votre Venue, qui travaille à l'accélérer chez lui et chez les autres. Il n'y a que trop de ces âmes molles et dégénérées qui ne sont ni à Vous, ni au monde, qui flottent entre le bien et le mal et ne veulent rompre ni avec l'un ni avec l'autre. Je ne veux pas être ainsi, Seigneur Jésus, après tant de Bontés de Votre part. Aidez-moi seulement à triompher de mes faiblesses. Je ferai un examen sérieux de la vie que j’ai menée durant le Temps de l'Avent, pour voir si j’y ai fait des progrès dans la Vertu, ou si j’ai reculé ».
Amen