« Mon Sauveur Jésus, je Vous adore et je Vous remercie. Vous êtes en ce moment au milieu de mon cœur ; Vous y êtes plein de Puissance et de Majesté, Vous y êtes tout brûlant d'Amour pour Votre faible créature. Recevez-y mes hommages. Quelle douce joie, en effet, ne m'inonde pas au milieu des tendres embrassements auxquels Vous m’admettez ! Quelle félicité plus grande sur la terre que celle de Vous porter dans sa poitrine, de Vous presser contre son cœur, et de Vous parler dans la familiarité intime de la Communion ! Mon Dieu, je ne raisonne plus, je ne médite plus ; j'aime et je me réjouis en Vous. Oh ! Pourquoi n'ai-je pas connu plus tôt cette joie ? Pourquoi l'ai-je dédaignée et lui ai-je préféré les joies futiles du monde ? Insensé ! J’ai pris le poison pour la nourriture, la mort pour la vie ; mais je suis maintenant désabusé, et je comprends combien il est doux de vivre avec Vous, de se sacrifier pour Vous, de pratiquer votre Loi sainte, de vivre au pied de vos saints Autels. Que je voudrais pouvoir le redire à tous les Chrétiens qui l'oublient, à tous les fidèles qui n'aiment plus, qui ne communient plus ! Je sais que je suis indigne de cette Grâce ; mais envoyez-nous, Seigneur, des apôtres qui le leur disent avec l'autorité du saint Ministère, et qui rappellent au banquet de vie cette foule qui court à la mort. Votre apôtre nous dit, Seigneur, de nous réjouir ; mais quel doit être le sujet de notre joie, et quelle doit être cette joie pour demeurer Pure et Chrétienne ? Et d'abord, ô mon âme, tu dois te réjouir d'avoir été admise au banquet des anges ; il y a là de quoi te ravir et t'absorber si tu contemples le Libérateur qui est venu à toi, et la dette énorme dont Il t'a rachetée. Et encore, tu dois te réjouir de ce que ton Bien Aimé est Grand et Magnifique, de ce qu'Il règne dans le Ciel, sur la terre et dans les enfers, de ce que les Saints L'honorent ici-bas, et que les impies seront forcés de s'humilier par la pénitence, ou de s'abaisser devant Lui par la terreur du Jugement. Tu dois te réjouir de ce que, malgré les épreuves et les contradictions, l'Église, la Sainte Épouse du Christ, marche à la conquête des âmes, de ce que les conversions s'opèrent, les vocations se multiplient, et de ce que l'Évangile est porté par des Apôtres intrépides à des nations nouvelles. Oh ! Si tu vis de la vie de l'Église, quels magnifiques sujets de joie et d'allégresse à chacun de Ses triomphes, à chacune de Ses conquêtes ! Mais cette joie, pour être Pure et Chrétienne, ne doit pas être bruyante et tumultueuse comme la joie du monde ; elle doit être Douce et Paisible, elle doit se manifester par la prière et par les bonnes œuvres, elle doit s'unir à la pénitence, à la mortification. Au milieu des austérités, les Saints étaient joyeux, ils se réjouissaient de ce qu'ils travaillaient pour le Ciel, et achetaient des Récompenses nouvelles par quelques souffrances passagères. Entre dans cette Joie, ô mon âme, et prépare-toi ainsi d'avance à célébrer la Fête de Noël. Mon Dieu, Vous allez venir dans peu de jours ; mais quelles sont les fleurs que je pourrai déposer autour de Votre berceau, aux pieds de Votre Mère chérie ? Vous me dites de rendre droites les Voies du Seigneur : ai-je pratiqué ce Commandement ? Ai-je rompu avec les cupidités du siècle, avec les attaches de la vanité, les retours de l'amour-propre ? Ma modestie est-elle connue de tous les hommes, ou plutôt ne suis-je pas toujours occupé de moi-même, plein d'une estime mensongère pour moi, prompt à blâmer les autres et à me préférer à eux ? Ô Jésus, la Couronne que Vous désirez le plus que nous mettions sur Votre tête au beau Jour de votre Naissance, est la Couronne de notre humilité. Enseignez-nous à Vous la tresser chaque jour par nos bonnes œuvres modestes, par le mépris de nous-mêmes, par l'acceptation des confusions, par le support des défauts d'autrui. Dieu Humble, je veux être Votre disciple, mais l'orgueil m'attaque et m'envahit sans relâche. Fortifiez-moi contre moi-même. C'est le fruit que je Vous demande de cette Communion. Je ferai une pénitence pour entrer dans l'esprit de l'Église, qui nous parle d'expiation durant tout l'Avent ; mais je ferai cette pénitence avec humilité et avec joie, dans la vue de la Récompense qui me sera donnée dans la Vie Éternelle, si je la fais dans ces sentiments ».
Amen